jeudi 20 mai 2010

Blessed commentaire 2

Analyse de Blessed de Ana Kokkinos
Film vu dimanche matin

Dans le cadre du cinéma des antipodes, nous avons vu Blessed de Ana Kokkinos. Ce film australien raconte l'histoire de plusieurs familles qui n'ont rien en commun mais se croisent à divers moments du film.
Celui-ci est organisé en deux parties : le point de vue des enfants et celui des mère. Dans ce film, les pères sont absents ou inconséquents. Quand par le point de vue des enfants on pense que les mères sont fautives, on se rend compte par le point de vue de ces dernières qu ' elles sont en fait très attachées à leurs enfants.
Les deux parties du film sont organisées de façon similaire : différents plans nous montrent enfants et mères en train de dormir, vivre leur journée avant de se retrouver le soir. Les deux points de vues se rejoignent dans deux scènes de soleil couchant, où tous les protagonistes semblent touchés par une certaine forme de grâce, d' apaisement.
Des scènes éprouvantes ponctuent aussi le film : ainsi celle où Roo, manipulé par un adulte voyeur, se masturbe devant la caméra. Mais aussi de nombreuses scènes émouvantes : celle où le frère et sa soeur se réfugient dans la benne est particulièrement réussie. L'une d'elle m'a peut être plus touchée encore : lorsque Mme Parker apprend à dire « je t'aime maman » au jeune Daniel venu le cambrioler. Cette scène est organisée en trois temps :
-Le premier : Daniel, malgré qu'il "braque" la vieille dame, est en position d'infériorité. La caméra le film d'en haut.
-Le deuxième : Mme Parker lui a fait ouvrir les yeux, ils sont à présent tous deux face à face,égaux. La caméra est au niveau de leurs yeux.
-Le troisième : la vieille dame est à son tour en position d'infériorité, les rôles sont inversés. C'est à présent Daniel le plus sage. Mme Parker est, par un habile jeu de camera, plus basse que Daniel.

Ce film montre l'incompréhension entre les enfants et les parents (mêmes s' il ne parle que des mères). Les deux visions d' une même relation sont totalement différentes.

Avis personnel : Je ne fais pas partie d'une famille à problème comme celle présentée dans ce film, mais cela ne m'a pas empêché de le vivre pleinement. Que se soit au niveau de la détresse des mères ou de la solitude des enfants. Film fantastique qui m'a beaucoup plu.

Commentaire du court-métrage qui a précédé

Scie circulaire électrique, clous, pistolet à clous, dérapage, tout cela combiné donne un cocktail de suspens. Un enfant, en bas âge, s'arrête en dérapant avec son vélo. Il court dans l'entrepôt entre les morceaux de débris au sol sans trop prévoir son chemin. L'enfant visiblement inconscient du danger joue avec. Désintéressé et voyant un pistolet à clous, l'enfant change d'horizon. Fièr, brandissant le pistolet à clous comme un James Bond, il tire dans la pièce à tire larigo. La machine se bloque et l'instinct de l'enfant pousse à braquer l'arme vers son visage. Rien n'y fait, la machine bloque malgré les nombreux essais de l'enfant. Puis, le coup part. Le clou, planté exactement entre les deux orteils calme la curiosité de l'enfant. Celui-ci pose le pistolet à la va vite, court vers la sortie, bouscule l'échelle qui celle-ci dérange un caisse posée en hauteur. La caisse tombe, l'enfant la reçoit sur la tête qui s'évanouit. Court métrage à l'intrigue tranchante, ce film nous cloue au siège.

Biutiful

C'est bien cela, BIUTIFUL, écrit par une jeune fille espagnole... Son père et sa même vivent séparément, sous la garde de leur père, bienveillant et ferme. sa mère souffre d'un trouble bipolaire. Le père, incarné par Javier Bardem, permet à des immigrés de travailler... en toute illégalité. Il a un don particulier, à découvrir en allant voir le film. Très vite, sa vie est bouleversée. Il va essayer de régler certaines affaires avant la fin du film.

Ce film, réalisé par Inarritu, qui avait commis Babel, est bouleversant. Pour une fois, on y découvre un père qui assume bien son rôle, a contrario de la mère, il la voit, impuissant, retomber dans ses problèmes psychologiques. Pourtant, l'amour est là.
Les adultes de ce film essaient tant bien que mal de s'en sortir, le réalisateur les montre, sans jugement.
Le thème de la survie est très présent, celui de la maladie et de la mort annoncée aussi. Javier Bardem est tout simplement extraordinaire dans ce film, par sa sensibilité, sa délicatesse mais aussi sa volonté de réussir son départ...
On n'en ressort pas indemne.

Jérôme Duval-Weigel